Le livre ?
Pauline Verduzier, Vilaines filles. Les travailleuses du sexe, les clientes et la journaliste, Anne Carriere Eds, coll. SexAppeal, 2020, 224 pp. (18 euros)
Le résumé de la maison d’édition ?
Pourquoi il faut lire ce livre ?
Parce que ce livre, loin des clichés, explore les différentes réalités du travail du sexe par le prisme des femmes : femmes travailleuses du sexe et femmes consommatrices du travail du sexe, femmes qui ont choisi de devenir et/ou de demeurer travailleuses du sexe ou femmes victimes de réseau. Sans pouvoir être exhaustive, l’autrice commence son exploration en Suisse et au travers des histoires des femmes – et des hommes travailleurs du sexe – elle tente comprendre. Comprendre le stigma, les trajectoires de vie, la réalité et les besoins de ces femmes. Réfléchir à la situation des travailleuses du sexe conduit l’autrice, qui affiche une solide bibliographie au soutient de son travail, à s’interroger sur le capital sexuel des femmes, sur la marchandisation du corps non seulement des travailleuses du sexe mais de toutes les femmes notamment sur le marché hétérosexuel. On la découvre relisant son histoire à l’aune de ces échanges, questionner l’empowerment revendiqué par certaines TDS au travers du travail du sexe,… Si l’autrice entend lutter contre le stigma des TDS et l’injonction à la respectabilité qui pèse sur les femmes, a fortiori travailleuses du sexe. Mais elle n’hésite pas à raconter aussi les trajectoires de celles qui ont été l’objet de la traite humaine. Ces derniers chapitres permettent de comprendre la dramatique confusion entre exploitation humaine et travail du sexe. Cette confusion créée par le traitement médiatique de la prostitution au moment des lois contre le racolage est alors depuis, largement véhiculée à dessein par les abolotes. Cet amalgame constitue l’une des sources de l’ostracisation et de la précarisation toujours plus grandes des TDS.
L’autrice y aborde aussi des questions profondément marginales jusqu’ici : le travail du sexe lesbien et les femmes consommatrices de travail du sexe – qu’il soit lesbien ou hétérosexuel.
Un livre agréable et facile à lire, au style sobre et efficace au service d’un message important. L’autrice est militante sans pour autant perdre sa crédibilité journalistique : elle source, elle vérifie, elle lit, elle rapporte pour nous offrir un moment de réflexion très très loin des clichés. C’est un livre par une femme, sur les femmes (et en premier lieu sur l’autrice), pour les femmes. Bref un très bon livre.
En bonus, une interview de l’autrice :
